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6 août 2013

Acte I: "Mais en fait, ça mène à quoi tes études?"

Si toi aussi tu fais/as fait des études du domaine des lettres (philo, littérature, voire pire! lettres classiques...), des sciences humaines, (histoire, géo, socio...) ou d'autres trucs qualifiés par plein de gens comme "inutile", cet article est pour toi.

En effet, quand mon cousin et ma petite-cousine sont entrés en grande école d'ingénieurs, qu'elle soit postbac ou post-prépa, privée ou publique, personne ne leur a demandé "mais c'est pour quoi faire au juste, ton truc là?". On leur a demandé ce qu'ils voulaient faire comme spécialisation, mais on les a surtout félicités. On leur a parlé avec intérêt, genre "c'est grâce à toi que le monde tourne! Que serais-je sans toi! (qui vins à ma rencontre etc, comme ça tout le monde a cette chanson -très belle par ailleurs- dans la tête maintenant)". Pourtant, c'est pas tout le monde qui est concerné par les prothèses, et même si tout le monde consomme des produits issus de l'agroalimentaire, c'est pas la passion de tout le monde.

Quand ce cousin est entré en 1ère S (alors qu'il a que six mois de plus que moi, il a un an d'avance parce qu'il est de décembre) un an avant que je n'entre en 1ère L, il m'a dit "tu vas faire L? C'est nul, tu feras même plus de maths" (ce qui n'est pas vraiment faux, vu l'état des maths-info en 1ère L tronc commun). Depuis que je suis en L, à chaque fois qu'il me voit, il me vanne en disant "combien t'as lu de livres cette année?". Jamais je ne lui ai encore répondu "et toi, combien t'as fait d'équations de second degré cette année?".

Quand il est entré en prépa, puis en classe étoile, tout le monde a été impressionné. Quand j'ai fini dans les dix premiers sur 40 de ma classe au Concours Blanc 2 en hypokhâgne (avec une bonne note en histoire alors que j'avais eu 2 au premier CB et que le prof m'avait félicité devant toute la classe), quand je suis passée en khâgne avec les honneurs, quand j'ai eu 15 en lettres modernes, personne de ma famille ne m'a rien dit, à part "ah, c'est bien. Qui reprendra du vin?" dans un repas de famille. Quand il a passé les concours des écoles qu'il visait, tout le monde lui a prédit un bel avenir et savait citer au moins une ou deux grandes écoles scientifiques prestigieuses. Quand j'ai passé l'ENS, j'ai dû expliquer ce qu'était l'École Normale Supérieure, le taux de réussite au concours (dans les 4-5%), à quoi ça sert, et ils ont eu l'impression que j'étais vraiment nulle de pas avoir le concours et de même pas avoir été "ne serait-ce que" sous-a (alors qu'être sous-a n'est pas si facile, Sarah en sait quelque chose).

Pourtant, l'ENS, c'est pas uniquement littéraire: mais si tout le monde connaît les parcours de l'ingénierie après une prépa maths sup/maths spé (ou à la limite véto après BCPST), ou les études de médecine, personne ne connaît les débouchés après une prépa littéraire. Pourquoi? Parce que les écoles faites pour les littéraires, elles existent pas, ENS exclue. C'est sûr que depuis la Banque d'Épreuves Littéraires, le concours de fin de 2ème année de prépa n'est plus unique: avant on avait l'ENS, point (avec possibilités de passer celle de Paris + celle de Lyon, voire celle de Cachan, mais pour tout ça, allez voir Khâroline ou poser une question à Daria, l'angliciste de DFDLC), alors que maintenant on a un vrai concours de fin de khâgne (pour plus d'infos, allez voir Rennes Business Skhôule ou Mélanie d'Hypokhâgne mon amour), comme les écos/scientifiques, avec plusieurs écoles possibles, genre des écoles de commerce, de communication, de management, Sciences Po. Mais ces écoles, si elles nous sont ouvertes, n'ont pas été crées originellement pour des littéraires. Donc au final, c'est au littéraire de s'adpater: à lui de transformer son parcours, de le faire évoluer, et de l'orienter différemment, alors que l'enchaînement ECE-HEC ou prépa scientifique-Polytechnique semble logique et préparé d'avance (encore faut-il réussir les concours).

EtudesLettres

Le schéma des possibilités après une khâgne

Le problème des études de lettres, me dit-on, c'est qu'avec une licence de lettres (philo, etc, vous avez compris le principe), "on ne fait rien". Certes. C'est pas faux en soi: avec une licence on fait peu de choses. C'est les déductions qu'on en fait qui sont fausses. On trouve plus de boulot avec des études moins longues et plus professionnalisantes (genre BEP, CAP, BTS, DUT). Seulement, si on a fait lettres, c'est qu'on n'avait pas envie d'être horticulteur, fondeur, coiffeur ou électrotechnicien. Ce n'est pas un manque de respect, j'estime beaucoup les métiers manuels: mais simplement, si je me suis engagée dans une voie plus universitaire que professionnalisante, plus générale que technologique, c'est que je ne voulais pas faire ces métiers-là. Et quand on a choisi la voie que j'ai choisie, celle des études longues, une licence, c'est plus vraiment reconnu sur le marché du travail.

Et donc, c'est pas inhérent aux lettres de ne rien faire avec le seul diplôme de la licence. Parce qu'avec juste une licence de maths, physique, chimie (toujours etc), c'est pareil: si on ne s'engage que sur une matière universitaire, et qu'on n'enrichit pas son parcours de modules professionnalisants ou orientés vers quelque chose de plus précis, on va rester dans le général. Si on fait licence de lettres + master de littérature pure (pour faire rapide et ne pas se perdre dans les 45000 -approximativement- intitulés du diplôme différents), soit 3 ans de licence générale sans options type Langue des Signes Française, Français Langue Étrangère, Concours de la Fonction Publique, Littérature jeunesse ou autres (selon ce qui existe dans chaque fac), avec orientation enseignement ou même sans orientation précise (par exemple, à L'île TheThird: Licence Parcours Littératures, Mention Lettres Modernes, Option Littérature, c'est ce qu'il y a de plus général), on sera au final presque toujours prof ou enseignant-chercheur. Parce que le plus général mène soit au parcours enseignement (donc au master du même nom), soit au master recherche. Je ne juge pas du tout que le général est mal: je dresse ce constat. De la même façon, cependant, un élève de licence de maths généraliste (pas de licence maths-informatique ou de maths appliquées), licence de maths parcours maths quoi, doit aussi si heurter aux mêmes questions. Donc, quand on pose la question de "avec des études de lettres, on fait quoi, à part prof ou chercheur?", c'est un peu vain: un matheux qui n'aura pas fait varier son parcours, par choix ou non, ne pourra aussi faire "que" prof ou chercheur.

 

Donc, avec des études de lettres, on ne fait jamais "rien" au final (enfin si, desfois on trouve pas de boulot, mais on a été formé à quelque chose quand même).  Soit on choisit une voie générale, comme on peut le faire dans des études scientifiques, et on enseigne après avoir passé les concours  adéquats ou on fait de la recherche, soit on se spécialise dans un sous-domaine des lettres (voire les exemples cités ci-dessus), soit on complète sa licence ou sa prépa avec des études de commerce, de management, ou d'autres domaines adjacents. Du coup, aujourd'hui, ce sont les littéraires qui ont les cartes en main: les entreprises et les écoles nous ouvrent les bras. Comme les autres, quoi...

(Si tout ça n'est pas exprimé très clairement, n'hésitez pas à poser des questions! Je ne me rends pas toujours bien compte...)

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Et M1tenant...
  • Avant, il y a eu la première littéraire, la (phase) terminale, la riante hypokhâgne, la bipolarisante (?) khâgne, l'intrigante fac de lis-tes-ratures. Et maintenant? Maintenant le master, à la bonne heure! Et le master FLE, s'il vous plaît monsieur... =)
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