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2 août 2013

Quand je serai grande #1: je serai prof de FLE

Bien le bonjour ami lecteur (oui oui personne ne me lit encore mais je m'y crois déjà... Ca promet!). :) 

Si tu arrives ici, jeune et fougueux, mais par hasard (Balthazar) (j'aime bien les rimes, hein, ne cherche pas d'explication), et que tu n'as pas le plaisir de me connaître, tu te demandes certainement ce qu'est la matière bizarre que je compte enseigner. Peut-être même que mon introduction (que tu peux lire à ta droite) et mon titre, aussi subtils soient-ils, ne t'ont pas convaincu, et que tu es perdu dans ma chronologie personnelle. Pour toi donc, qui a bravé les internets pour arriver jusqu'ici, j'inaugure ce blog qui se destine à devenir un mélange de n'importe quoi et de tout, en gros, en t'expliquant ma destinée professionnelle (cette envolée lyrique sur la fin du premier paragraphe = du grand art..).

Quand j'étais en troisième, j'avais fait une sorte de mini-stage de deux jours en entreprise: ma soeur était prof des écoles (elle l'est toujours), et je pensais que c'était un beau métier qui pouvait me convenir. Alors je suis allée quémander une signature sur ma convention de stage aux maîtres de l'école primaire où j'étais allée étant petite, et là ce fut le drame: je me suis rendue compte en deux jours que faire tout le temps la même chose (oui, quand on est en CP, quoi qu'il arrive, on continue quand même chaque année à apprendre à lire et à compter), d'année en année, bloquée dans un programme, et avec des enfants qui réclament de la patience  (entre autres qualités que je n'ai pas forcément), c'était pas pour moi.

J'ai déprimé, et me suis remise en question. Qu'allais-je donc bien pouvoir faire de ma fabuleuse existence? Que faire? Je ne savais pas; Le monde ne s'est cependant pas arrêté de tourner. Je suis donc, comme le veut la logique, entrée au lycée. J'ai passé trois années dans un lycée d'Art-mante-hier, que j'ai fort peu goûté. En seconde, ayant toujours aimé lire et réfléchir à propos de ce que je lisais, je me suis raccrochée au Français. Pas d'amis dans ma classe, pas vraiment de potes, parce que j'avais choisi ce lycée (qui n'est pas celui de secteur pour moi) pour pouvoir faire L en prenant l'option euro, alors que la section littéraire n'existait plus dans mon lycée de secteur, où sont partis tous les gens avec qui j'étais au lycée, ou presque. Alors j'ai travaillé mon Français.

Une fois arrivée en L, j'ai commencé à envisager de devenir prof de lettres. J'ai vraiment commencé à regarder de près les classiques pendant l'été, et à devenir une littéraire profonde. Mes parents ne lisent que des policiers ou des romans sentimentaux, mon frère est pompier, ma soeur est la seule à avoir fait des études de lettres dans la famille, alors on trouve ça bien que je veuille devenir prof de lettres. Mais très vite je me pose des questions, je me demande si c'est vraiment ça que je veux, si j'ai envie de n'avoir que des publics jeunes (presque des enfants pour ceux qui sont au collège, jusqu'à 18 ans au lycée, peu de possibilités d'enseigner à des adultes), sous forme de classes dans des institutions obligatoires (la scolarité étant suivie dans l'immense majorité des cas à l'école et non pas hors les murs jusque 16 ans en France), avec des programmes imposés par un ministère qui ne fournit pas forcément toujours les meilleures des conditions à ses employés. Et surtout, je me demande si c'est vraiment la littérature que je veux enseigner, avec tout ce que ça comporte (les gens qui te demandent à quoi ça sert de lire que des auteurs morts ["à répondre aux questions du Trivial Pursuit" me semble une réponse satisfaisante], mais aussi ma propre peur de devenir une petite conne prétentieuse ne jurant que par la littérature).

Re-doute, re-angoisse. Que va-t-on faire de moi? C'est à force de chercher sur les sites de l'Onisep, de l'Étudiant et toute leur clique, que je finis par trouver un métier qui me semble convenir en tout point à mon profil (de loseuse): la perle rare. J'aime le Français. J'aime la langue française, j'aime la littérature française, j'aime la culture française. A l'époque, j'aime aussi l'Anglais. Je veux un travail où on parle Anglais, si possible dans un pays anglophone. Le miracle s'accomplit quand je tombe sur la fiche "prof de FLE" de l'Étudiant. Késako? Je découvre que je peux devenir prof de Français Langue Étrangère pour des non-francophones, d'un niveau débutant au plus avancé, dans toutes les tranches d'âge, Merveille. Joie.

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Une image un peu naïve, mais qui a bien cerné l'esprit de la profession

Je continue donc à me rensiegner. Très vite, je découvre qu'il y a beaucoup de "mais" quand même (voir exemples d'offres d'emplois): un salaire en dents de scies (à cause des contrats courts et non renouvelables et des contrats locaux), peu de reconnaissance par les diplômes et de reconnaissance sociale en France, beaucoup de CDD pour très peu de CDI. Bref, du précaire, voire du très précaire, assez loin de la sécurité de l'emploi qu'on peut avoir quand on est fonctionnaire à l'Éducation Nationale (mais ce poste-là non plus n'a pas que des avantages). Mais j'ai envie. Je ne veux pas engueuler Rachida, 6ème B, qui ne m'a pas rendu sa rédac à temps parce qu'elle préfère les maths, ni expliquer à Marcel, 1èreL2, que Rousseau n'a rien à voir avec les tableaux du douanier Rousseau (où y'a des perroquets bleus qui boivent du lait d'coco).  J'ai envie d'enseigner à des gens qui ne sont pas obligés d'être là, et qu'on ne force pas à faire du Français. J'ai envie d'aider des étrangers primo-arrivants à rester en France, d'insérer des personnes qui ne peuvent ni lire ni écrire et souffrent d'exclusion, d'aller enseigner dans des prisons, de faire acquérir la langue à des gens qui ont des troubles du langage, de créer des manuels meilleurs, d'enseigner ailleurs qu'en France aussi pour faire rayonner la France hors de ses frontières, parce que même avec tous ses défauts, c'est mon pays et j'en suis fière.

Sauf que la spécialisation en FLE, les études uniquement consacrées au FLE ne commencent qu'en master. Du coup, en attendant, je visite des prépas, qui me semblent être un bon endroit où  apprendre plein de trucs en n'étudiant pas qu'une seule matière. Je postule dans trois prépas de ma région, en plaçant la moins sélective (et la moins réputée) mais celle qui m'a le plus tapé dans l'oeil en premier. Ma soeur y a étudié, l'ambiance est vraiment familiale. J'y suis prise. Je passe deux ans vraiment cool (mais difficiles, surtout la khâgne), avec une classe sympa, et des profs pour la plupart très bons, à Art-Race, à Gant-Bêta. Je côtoie plein de gens qui vont passer le CAPES et l'agrég et sûrement les avoir un jour ou l'autre, mais je ne change pas d'avis.

Puis la prépa se termine, je n'ai pas l'ENS (c'est limite un pléonasme), soit le concours qui clôt mes deux années, et je décide (victoire par KO de la prépa sur moi) de ne pas rempiler pour une troisième année. Je vais le regretter amèrement, mais je ne le sais pas encore. J'atteris donc en fac, en lettres modernes, avec ses bâtiments mal foutus, son organisation alternative, et ses cours à l'intitulé farfelu ("Diables et sorciers sous l'Ancien Régime"? Vraiment?). Et là, je découvre enfin ce que je convoite depuis tant d'années (retour du lyrisme), l'option FLE. Au premier semestre (comprendre: les douze premières semaines), le prof est étrange, on ne comprend rien, on fait en quelque sorte un panorama des méthodologies qui ont marqué le FLE, et c'est pas hyper passionnant, vu comment il l'enseigne, pour un didacticien (comprendre: un mec qui s'est spécialisé dans la didactique des langues étrangères, et le cas échéant en FLE, et qui donc est censé savoir exactement comment rendre un cours attrayant, entre autres choses). Au deuxième semestre, là c'est mieux! On nous donne des bases théoriques, linguistiques et autres trucs en -iques, et on doit constituer un cours de FLE, en choisissant tous les paramètres (texte, public, séance, séquence, support...) par groupes. Je vous passe tous les détails: mon groupe a fonctionné, on a fait un dossier top, et on a eu la meilleure note (na!). Avec en prime un commentaire sympa de la prof: "vous serez de bonnes enseignantes...".

Aujourd'hui, nous sommes donc à 40 jours de ma rentrée en master 1 FLE, exclusivement centré sur le FLE, à l'inverse de tout ce que j'ai fait auparavant. Dans 8 mois au plus tard, je serai en stage. Entre temps, je peux avoir, comme ça a été le cas depuis le début, des phases successives qui prouvent que je suis un mélange instable. Je vais sûrement douter. Est-ce que je suis faite pour être prof alors que je n'ai jamais eu l'occasion de donner un jour? Est-ce que ça va me plaire? Est-ce que ça ne va pas me lasser? Je vais sûrement avoir des moments de bonheur, de réassurance aussi. Ce blog en sera -je l'espère- le témoin. 

 Quand je serai grande, j'espère que je serai une prof de FLE comme on les aime...

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Commentaires
C
Bonjour Anaïs, je te souhaite le meilleur. Tu mérites ça. Et je me le souhaite un peu aussi, parce que je me reconnais dans certaines de tes lignes. Ne pas khûber par KO et le regretter amèrement ensuite. Flipper en arrivant à la fac et se sentir petite. <br /> <br /> <br /> <br /> Bon courage, et ça devrait marcher :clind'oeildecowboy:
Et M1tenant...
  • Avant, il y a eu la première littéraire, la (phase) terminale, la riante hypokhâgne, la bipolarisante (?) khâgne, l'intrigante fac de lis-tes-ratures. Et maintenant? Maintenant le master, à la bonne heure! Et le master FLE, s'il vous plaît monsieur... =)
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